J’ai longtemps espéré être soutenue par mes proches.
Les voir croire en moi comme moi je crois en eux.
En ce moment, mon cœur devient de plus en plus anxieux. Je ne saurais dire combien de fois j’ai fait des crises d’anxiété cette année. Je lutte avec mes propres doutes : Cette œuvre est-elle belle ? Vais-je décrocher ce marché ? Aurai-je des clients aujourd’hui ? Et si mes tableaux ne plaisaient à personne ? Pourquoi je n’ai aucun retour ?
Comme si cela ne suffisait pas, il me faut aussi porter les doutes des autres : rassurer mes parents, affronter les attentes, les projections, les inquiétudes. Je dois lutter avec l’idéal que les gens se font de moi.
“Elle fait un travail qui ne marche pas.”
“Elle ne gagne rien.”
“Elle a un enfant, ce n’est pas raisonnable.”
“Elle doit être en dépression.”
“Elle ferait mieux de chercher un vrai travail.”
“Travailler sur son ordinateur, ce n’est pas un métier.”
Ces phrases m’ont usée.
L’anxiété a fini par m’envahir. Je n’arrive plus à répondre au téléphone, ni à parler à mes proches. Une seule pensée me hante : Qui leur a donné le droit de commenter ma vie ? Qui leur a permis d’y semer leurs doutes ?
J’aime dire, qu’un artiste ressent et exprime ce qu’il ressent.
En tant qu’artiste contemporaine, je transmets mes émotions : pour offrir de la joie, du réconfort, de l’espoir. Pour dire à ceux qui regardent mes œuvres : “Tu n’es pas seul.”
Mais l’anxiété, elle, n’est pas ce que j’ai envie de transmettre.
Alors j’ai pris du recul.
J’ai réalisé que demander de l’aide à mes proches avait été une erreur. J’avais ouvert la porte à toutes les peurs du monde.
Était-ce une forme d’auto-sabotage inconsciente ?
À force de vouloir qu’ils me comprennent, je me suis laissée submerger.
Leurs doutes, mêlés aux miens, me faisaient pleurer.
Et leurs questions ont fini par m’emprisonner.
J’ai compris ce qui me manquait : la foi.
Je me suis tournée vers Dieu : Pourquoi n’ouvres-tu pas une porte pour mes finances ? Pourquoi ne fais-tu pas un miracle ?
Et Il m’a répondu dans Marc 6:5 :
“Il ne put faire là aucun miracle… sauf quelques guérisons, en posant les mains sur eux.”
Puis au verset 6 :
“Et il s’étonnait de leur incrédulité.”
Je voulais faire taire les voix extérieures. Mais je manquais de foi.
Pourtant, mes œuvres — des tableaux en édition limitée — parlent toutes de foi.
La foi dans l’épreuve.
La foi dans le quotidien.
Inspirées de versets bibliques.
Mais mes doutes avaient étouffé cette foi. Et ceux des autres l’avaient presque éteinte.
J’ai dû me retirer un moment…
Après mon exposition en Belgique, j’ai compris une chose troublante : tout ce que je ne disais pas avant d’avoir accompli finissait par arriver. Mais dès que je parlais par simple excitation ou enthousiasme, tout tombait à l’eau. Et pourtant, je parlais à des personnes bienveillantes, du moins en apparence. Les faits, eux, étaient clairs.
Durant ce temps de retrait, j’ai reçu une réponse négative à une demande que j’avais faite.
Dans notre échange, j’ai raconté à cette personne comment j’avais réussi à organiser mon exposition en Belgique. C’est à ce moment précis que j’ai compris quelque chose de fondamental : ce qu’était la foi, ou du moins, comment elle agit en moi.
J’ai toujours agi avec foi, sans savoir comment cela fonctionnait. C’était naturel. Mais face aux épreuves, le doute s’est installé. Les reproches, les jugements… J’ai fini par penser que j’étais maudite. Que rien ne fonctionnerait jamais pour moi.
Mais une révélation est venue. Et avec elle, une image très claire : celle de Jésus et du figuier.
J’ai su que ce serait un tableau. Je l’ai appelé Faith.
La foi est agissante
Pour beaucoup, si c’est difficile, alors ce n’est pas de Dieu. Et s’il n’y a pas de miracle, c’est que le diable attaque. Les gens veulent que ce soit facile, sécurisé. J’ai grandi en refusant ce confort factice, mais les inquiétudes de mes proches m’ont peu à peu contaminée. J’ai voulu bien faire, ne plus donner de raisons de critiquer.
Puis un problème est survenu. J’ai appliqué ce que je venais de comprendre, et un miracle s’est produit. Je me souviens encore de l’étonnement de ceux qui avaient déclenché cette situation.
Mais j’ai refait la même erreur : j’ai parlé trop tôt de ce que je voulais faire.
Simplement pour rassurer mes proches.
Et j’ai senti à nouveau cette limite invisible se refermer.
La solitude n’est pas une punition
En tant qu’introvertie, j’aime la solitude. Rester chez moi. Ne pas être collée au téléphone ou devoir écrire chaque jour à quelqu’un.
Mais un moment est venu où le besoin de reconnaissance a pris le dessus. J’ai voulu appartenir, être vue, être comprise. Et cela a réveillé l’anxiété. Le doute.
Aujourd’hui, je réalise que la solitude est une bénédiction pour moi, dans tous les domaines de ma vie — que ce soit comme artiste contemporaine ou comme technicienne industrielle. Elle me protège. Elle me libère du doute des autres.
Quand je suis seule, l’inquiétude s’éloigne. Et je respire.
Seule moi décide de ma vie
Je ne sais pas si c’est parce que je suis introvertie, ou juste parce que c’est ma nature, mais j’ai toujours refusé que les autres décident pour moi. Qu’ils s’impliquent dans mes choix comme s’ils allaient en porter les conséquences.
Dans ma culture africaine, c’est courant : en cas de problème, la famille se cotise. Mais moi, j’ai toujours rejeté cette logique. Parce qu’elle vient souvent avec un prix : le contrôle.
Je n’ai rien contre les conseils. Mais un conseil, ce n’est pas une mainmise sur ma vie. Ce n’est pas un droit de regard, une surveillance déguisée en bienveillance.
J’ai appris à ne pas poser de questions intrusives, même quand je rends service. Parce que chacun a le droit de garder son cap. D’être maître de ses choix.
Je choisis qui m’entoure
À l’avenir, je m’éloignerai encore davantage des personnes qui m’étouffent.
Celles qui vivent dans la peur.
Celles qui me projettent leurs limites, leurs doutes, leur inquiétude constante.
Je m’entourerai de gens qui croient, qui avancent, même dans l’obscurité.
De ceux qui savent que la lumière finit toujours par arriver.
De ceux qui savent que les promesses de Dieu sont aussi pour nous.
L’avenir est radieux. Alors cessons de le noircir avec une liste de problèmes.
Nos inquiétudes n’ont jamais réglé quoi que ce soit.
Mais elles ont toujours ajouté du poids inutile.